Après camus                                                          p.01

 
 

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Imaginez des ruines à pic sur une falaise que vient battre une eau claire,
























 

Tipasa. Les premières nuances des lumières un jour d'été sur la mer. Et puis le jour effaçait l'embrasement du soleil naissant, éteignait les derniers feux et apparaissait l'azur. L'Azur ! L'Azur ! . . Je pense à Mallarmé. Disparition des couleurs, leur évanouissement. Spectacle d'une mort heureuse. Et là-bas, en face, au nord, la France.           


Tipaza


     Cependant que les flots exhalent leurs soupirs,

     Sur les fûts brisés zigzaguent les hirondelles;

     Le terrain caillouteux resplendit d'asphodèles

     Qui naissent au printemps vierges de souvenirs.


     Pénétrant de leur or les vagues de saphir,

     Les rayons moribonds du soleil étincellent

     Je rêve. Expire au loin le chant des tourterelles

     Où suis-je ? A Tipaza ? Dans le pays d'Ophir ?


     Le soir tombe. La nuit voilera les ruines

     Mais surgit Séléné, riche en clartés divines

     Bientôt donc renaîtront tous les dieux disparus,


     Et le pas souverain des légions romaines,

     Et, proches de la mer où chantent les sirènes,

     L'ombre de Jean Grenier et l'ombre de Camus.


Jean Bogliolo

Professeur de lettres classiques au Lycée Gautier

(Jean Bogliolo écrivait Tipasa avec un Z. C'était toléré.)




Un autre poème, de Jean-Claude Xuereb :


     Longtemps il écouta aux portes du silence

      Les grincements du temps en bruits venus d’ailleurs

      Il scruta le regard aveugle de la nuit

      Au rêve égaré d’une criblure d’étoiles

 

      Il avait depuis toujours pris rendez-vous

      Aux rives du néant où bat l’éternité

      Ne le pleurons pas son destin s’est accompli.

 

Jean-Claude Xuereb est intervenu aux Journées « Albert Camus et René Char : en commune présence », et « Audisio, Camus, Roblès, frères de soleil : leurs combats ».




Je lis à présent ces lignes qui semblent être extraites d'un magazine pour une invitation au voyage alors que je les ai trouvées au début de Noces suivi de L'été. Elles ne sont pas signées. « Tipasa, c'est à 69 kilomètres d'Alger. Une cité romaine dont ne subsistent que des vestiges envahis par la végétation des absinthes, des géraniums et des griffes-de-sorcière. Imaginez des ruines à pic sur une falaise que vient battre une eau claire, brasillant sous l’éclatante lumière méditerranéenne. Tel est le site magnifique où Albert Camus a célébré dans sa vingtième année ses "noces" avec la nature. »

 

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Les premières nuances des lumières un jour d'été sur la mer.