Sainte Salsa                                                                                            p.04

 

En arrivant d’Alger, on voyait, à droite, le cimetière.










Les sarcophages pleins d’eau noire, sous les tamaris détrempés.







Sainte Salsa, la nécropole et des fleurs sauvages partout.
























Une carte postale qui m’a été envoyée par Ahmed Khérat

 
En arrivant d’Alger, on voyait, à droite, le cimetière, près de la basilique de Sainte-Salsa.Là, des chrétiens se firent enterrer pour reposer près de leur sainte, martyrisée au IVème siècle. 
Albert Camus :
"La lune s'est levée. Elle illumine d'abord faiblement la surface des eaux, elle monte encore, elle écrit sur l'eau souple. Au zénith enfin, elle éclaire tout un couloir de mer, riche fleuve de lait qui, avec le mouvement du navire, descend vers nous, inépuisablement, dans l'Océan obscur. Voici la nuit tiède, la nuit fraîche que j'appelais dans les lumières bruyantes, l'alcool, le tumulte du désir."

Parfois, la nuit, j'imagine la nécropole sous le vent et la pluie de l'hiver, dans un pays où les chrétiens sont partis et ne reviendront plus tant que je vivrai. Tant que je vivrai... J'ai appris à ne plus m'effrayer du temps qui passe.
Camus :
« Cette distance, ces années qui séparaient les ruines chaudes des barbelés, je les retrouvais également en moi, ce jour-là, devant les sarcophages pleins d'eau noire, sous les tamaris détrempés. Elevé d'abord dans le spectacle de la beauté qui était ma seule richesse, j'avais commencé par la plénitude. Ensuite étaient venus les barbelés (...) »

Lorsque nous sommes revenus en 1977 et avant de passer les barbelés, une horde de petits Arabes nous ont poursuivis pour nous vendre des cartes postales rougies par la terre du lieu. Je n’aime pas renvoyer les enfants. Encore une contrariété que j’enregistre dans ce pays que j’ai aimé.

Ecoutons le Camus du Retour à Tipasa. Encore, oui, du grand Camus.
"(...) Si nous pouvions le nommer, quel silence ! Sur la colline de Sainte-Salsa, à l'est de Tipasa, le soir est habité. Il fait encore clair, à vrai dire, mais, dans la lumière, une défaillance invisible annonce la fin du jour. Un vent se lève, léger comme la nuit, et soudain la mer sans vagues prend une direction et coule comme un grand fleuve infécond d'un bout à l'autre de l'horizon. Le ciel se fonce. Alors commence le mystère, les dieux de la nuit, l'au-delà du plaisir".

 « Il apprit à se promener. L'après-midi, quelquefois il marchait le long de la plage jusqu'aux ruines sur l'autre pointe. Il se couchait alors dans les absinthes et la main sur la chaleur d'une pierre il ouvrait les yeux et son cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. »file://localhost/necropole03-14.jpg

<< préc.                                                             suiv. >>

<< préc.                                                             suiv. >>