Après camus                                                          p.04

 
 

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A chacun sa nuit magique.










 

-Vous avez des dons, m’avait écrit un jour Camus, mais vous avez besoin d’une technique éprouvée.

Albert Camus n’a pas été sévère, il a été bref. J’ai vécu la déroute, mêlé à la foule qui attendait des avions, des bateaux, un moyen de fuir. Après de telles épreuves, je crois que j’ai un peu perdu la tête et  aussi la mémoire.

Qu’importe nos biens matériels pillés par l’armée victorieuse puisque mes enfants ne les ont pas connus. L’Algérie d’aujourd’hui est pour moi un pays étranger.

Pourtant parfois, la nuit, lorsque le sommeil refuse de me prendre et alors que la nuit est totale, «je sens l’odeur des absinthes dont l’essence qui fermente sous la chaleur, me prend à la gorge et  j’entends les cymbales des cigales. Je me penche au-dessus des premiers rochers que la mer suce avec un bruit de baiser et j’emprunte toujours le même escalier de pierres sèches qui mène aux ruines, parmi les lentisques et les genêts.

Il me semble que je suis enfin revenu au port, pour un instant au moins et que cet instant désormais n’en finira plus.»


A chacun sa nuit magique.


J’ai décidé de faire fi et de la crise et de la récession. Tipasa, Camus… Les belles photos des ruines que j’ai enfin  classées, plairont-elles ? Et les textes de Camus que j’ai choisis seront-ils les plus sensibles et les mieux perçus ? Ma bonne étoile brillera-t-elle encore ? « Alea jacta est », une phrase que je n’ai jamais lue sur les stèles de Tipasa.



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Parfois, la nuit, je sens l’odeur des absinthes.