La lumière et les ruines de Tipasa p.04
La lumière et les ruines de Tipasa p.04
Dans mon HLM, à Athis-Mons, tout près d’Orly, en 1963.
C’est dans la pénombre que je croyais retrouver l’odeur du maquis et des absinthes chères à Camus. Cette fausse fenêtre, une illusion.
Je pensais à nos plages, aux filles qui me complimentaient lorsque je nageais, je revoyais nos petits ports, nos paysages de garrigue et de ruines. Mes jours de repos, je me promenais inter- minablement, à toute heure et de préférence à des heures insolites. C’est en me déplaçant à pied que j’ai connu Paris. Parfois, par temps brumeux, je marchais sur les quais et je regardais la Seine rouler ses eaux grises. La Conciergerie m’intriguait.
Camus (La chute) :
« Paris est loin, Paris est beau, je ne l’ai pas oublié. Je me souviens de ses crépuscules, à la même époque, à peu près. Le soir tombe, sec et crissant, sur les toits bleus de fumée, la ville gronde sourdement, le fleuve semble remonter son cours. J’errais alors dans les rues. Ils errent aussi, maintenant, je le sais ! Ils errent, faisant semblant de se hâter vers la femme lasse, la maison sévère… Ah ! mon ami, savez-vous ce qu’est la créature solitaire, errant dans les grandes villes ? . .
Moi aussi, dans Paris, j’errais dans les rues en 1962 et 1963. Je pensais à Tipasa et au Chenoua où j’avais été si heureux.