Aujourd'hui, je préfère entendre Jeanine de la Hogue et dans ma tête coulent des larmes lorsqu'elle me dit à voix basse :"On pleure le paradis perdu, on veut se souvenir du bonheur, mais c'est souvent la souffrance qui vient en surface, qui trouble l'image comme une pierre lancée dans un lac paisible et qui n'en finit pas d'étendre ses cercles."
Camus :
"Alors je pensais désespérément à ma ville, au bord de la Méditerranée, aux soirs d'été que j'aime tant, très doux dans la lumière verte et pleins de femmes jeunes et belles. Depuis des jours, je n'avais pas prononcé une seule parole et mon cœur éclatait de cris et de révolte contenus. J'aurais pleuré comme un enfant si quelqu'un m'avait ouvert ses bras."
J'éprouve l'impérieux désir de remonter vers la période de mon enfance. Ainsi l'été, le soir tard lorsque nous étions en vacances sur le littoral, du côté de Tipasa, j'admirais en présence de mon père, la voûte du ciel et je m'extasiais devant les milliers d'étoiles qui tiraillaient mon imagination et représentaient pour moi, une foule de mondes mystérieux. Mon père m'expliquait que beaucoup d'étoiles n'étaient que des astres morts et
que nous n'apercevions que leur passé. Je comprenais mais j'étais intrigué.
Aujourd'hui Tipasa n'a pas disparu de la carte du Maghreb et ma dernière visite date d’il y a trente ans. Trente ans ! Je me surprends les soirs d'été à écraser des feuilles de santoline, cette indispensable plante de mon jardin dont la fragrance me permet de retrouver l'odeur des absinthes qui couvraient les ruines de leur laine grise. Certes, j'adule et je célèbre toujours Tipasa que j'évoque encore et encore, mais je sais bien qu'aujourd'hui
j’encense un astre mort.