L’été invincible                                                       p.08

 
 

Je n'avais pas encore lu La mort heureuse puisque ce roman a été publié en 1971. J'ignorais jusqu'à son existence. Je sais (je sais depuis le jour où j'ai eu cet ouvrage entre les mains) que ce roman n'est pas une réussite, qu'il est "raté".

Camus aurait dû s'en tenir au récit, à la première personne donc. Il n’a pas tenté de composer des dialogues. Il avait vu la difficulté. Dans L’Etranger, les dialogues rapportés glissent sans heurt et illustrent bien le récit.

Il s'est "planté" comme on dit aujourd'hui et il a bien vu ses lacunes puisqu'il a refusé la publication. Quant à la prose, c'est du grand Camus. Merci à la famille et aux éditeurs qui ont permis cette parution que les spécialistes adorent décortiquer.

Je lis : « Il s'agit de la première entreprise romanesque d'Albert Camus, élaborée entre 1936 et 1938 (époque à laquelle il écrivait L'Envers et l'Endroit et Noces). Il travaillait encore à la remanier lorsque se forma en lui le premier projet de L'Etranger, auquel il ne tarda pas à se consacrer entièrement. On aurait tort de voir dans La mort heureuse, une première version de L'Etranger, malgré la similitude du nom des héros.

Le thème de ce premier roman est la recherche têtue du bonheur, fût-ce au prix d'un crime ? Ses péripéties sont nourries de l'expérience d'une jeunesse difficile et ardente, pauvreté, maladie, voyages en Europe centrale et en Italie, vie communautaire sur les hauts d'Alger. »

J’ai trouvé ces notes sur la couverture du "roman" La mort heureuse.


Camus et sa Mort heureuse :

« Le bonheur était humain et l'éternité quotidienne. Le tout était de savoir s'humilier, d'ordonner son cœur au rythme des journées au lieu de plier le leur à la courbe de notre espoir.

De même qu'il faut savoir s'arrêter en art, qu'un moment vient toujours où une sculpture ne doit plus être touchée et qu'à cet égard une volonté d'inintelligence sert toujours plus un artiste que les ressources les plus déliées de la clairvoyance, de même il faut un minimum d'inintelligence pour parfaire une vie dans le bonheur. A ceux qui ne l’ont pas de la gagner. »

 

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Pour Fernand Sintes aussi " Le bonheur était humain et l'éternité quotidienne."