L’été invincible                                                       p.09

 
 

Jean Campardon dont le beau-père est allé au lycée Bugeaud avec Albert Camus, nous envoie une photo du Chenoua et de la campagne environnante.


Camus et La mort heureuse :

"C'était le début de l'après-midi et, comme il avait plu dans la matinée, la baie tout entière était comme une vitre lavée et le ciel comme un linge frais. Tout en face, le cap qui terminait la courbe de la baie se dessinait avec une merveilleuse pureté et, doré par un rayon de soleil, il s'allongeait dans la mer comme un grand serpent d'été. Patrice avait fini de boucler ses valises et maintenant, les bras contre le portant de la fenêtre, il regardait avidement cette nouvelle naissance du monde."

Voici le style d'Albert Camus lorsqu'il avait 46 ans (Le premier homme) :

"La ville en vérité s'arrêtait là, et la douce compagne du Sahel commençait avec ses coteaux harmonieux, des eaux relativement abondantes, des prairies presque grasses et des champs à la terre rouge et appétissante, coupés de loin en loin par des haies de hauts cyprès ou des roseaux. Des vignes, des arbres fruitiers, du maïs croissaient en abondance et sans grand travail. Pour qui venait de la ville et de ses bas quartiers humides et chauds, l'air était vif de surcroît et passait pour bénéfique. "

Le Camus des années quarante :

"Mars.

Journée traversée de nuages et de soleil. Un froid pailleté de jaune. Je devrais faire un cahier du temps de chaque jour. Ce beau soleil transparent d'hier. La baie tremblante de lumière - comme une lèvre humide. Et j'ai travaillé tout le jour.

Hier. Le soleil sur les quais, les acrobates arabes et le port bondissant de lumière. On dirait que pour le dernier hiver que je passe ici, ce pays se prodigue et s'épanouit. Cet hiver unique et tout éclatant de froid et de soleil. Du froid bleu. Lucide ivresse et dénuement souriant - le désespoir dans la virile acceptation des stèles grecques. Qu'ai-je besoin d'écrire ou de créer, d'aimer ou de souffrir ? Ce qui est dans ma vie est perdu n'est au fond pas le plus important. Tout devient inutile. Ni le désespoir ni les joies ne me paraissent fondés en face de ce ciel et de la touffeur lumineuse qui en descend."

 

Une photo du Chenoua et de la campagne environnante.











La basilique.



Notre famille vivait à Alger. Fin de semaine à Marengo, derrière Tipasa : "La ville en vérité s'arrêtait là, et la douce compagne du Sahel commençait avec ses coteaux harmonieux (...)"

Tout en face, le cap qui terminait la courbe de la baie...

 

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