L’été invincible                                                       p.10

 
 

Laissons Camus l’espace de quelques lignes et retournons vers les temps anciens, là-bas. Ah, cette photo des jours heureux ! Jean-Claude en pull-over et moi vêtu d'un gros manteau. C'était un peu la fin de l'hiver que nous prenions en photo sur le port de Tipasa. Nous n'étions pas les acrobates arabes dont parle Camus. Nous partions le dimanche à la recherche de l'élixir de jouvence à Tipasa et nous aimions même ce froid soleil de la fin de l'hiver.

A propos des acrobates arabes, je lis : « L'homme qui parlait au soleil (A propos de Camus) on lui aura aussi constamment et régulièrement reproché le fait que tout au long de son œuvre romanesque, les Arabes ne furent jamais désignés et décrits que comme des sortes d'ombres, des toiles de fond, sans consistance, ni essence propre. » Ce sont des mots de Malik Bellil.

Nous n’étions pas les acrobates arabes. Les imitions-nous peut-être ?

Je réponds à Malik : Non, l'ai-je déjà dit ? Dans son récit L'Etranger, l'Arabe avait un des premiers rôles. Il le met en valeur, « sa » valeur … et il le tue !

Ne me dites pas, Malik, que Camus n'aimait pas ou ne voyait pas les Arabes. Il les voyait comme un Français de là-bas parce que nous vivions entre nous, c'est tout. Nous ne ferons pas l'Histoire de l'Algérie française. Elle est douloureuse. Elle est passée et dépassée.   J'avais 18 ans à Alger et j'entendais les critiques dont le but était de démolir Camus.  On ne refera ni les Arabes et ni les Français  d'Algérie. Il y a eu des injustices, oui ! Nous avons été chassés de notre pays, encore oui. Nous avions été prévenus mais une véritable intégration était donc impossible en mélangeant les deux religions ou sans les mélanger? Eh bien je crois que c’était encore non car nous ne voulions pas nous immiscer chez ceux dont les mœurs et les coutumes étaient différentes des nôtres. (Les mœurs ? Un grand mot. Devrais-je dire les mêmes habitudes, une autre moralité, une nature différente ?  Nous n’avions pas les mêmes fêtes, les mêmes vêtements, les mêmes couleurs, la même cuisine, pas toujours la même langue. Nous limitions le nombre de nos enfants, la polygamie est interdite en France (Elle l’était aussi en Algérie du temps de la France). Nous ne voilions pas nos femmes. L’église catholique n’accepte pas les mutilations sexuelles comme la circoncision…) En Algérie, deux mondes se côtoyaient. Deux mondes qui auraient pu s’entendre ?

Regrets éternels.

Ah, cette photo des jours heureux !









Les mauresques de Tipasa






Nous n’avions pas les mêmes fêtes, les mêmes vêtements, les mêmes couleurs, la même cuisine, pas toujours la même langue.




En Algérie, deux mondes se côtoyaient. 


 

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